Batsh*t au Traverse Theatre – Critique du festival Fringe d'Édimbourg

Leah Shelton est furieuse. On le sent dès l’instant où l’artiste australienne, brandissant une fausse hache attachée à un bras allongé, entre sur la scène intime du studio du Traverse Theatre – une figure saisissante de trouble psychologique et de terreur pathologique.

Pourquoi ? Des décennies durant, des problèmes de santé mentale chez les femmes ont été mal diagnostiqués, maltraités ou tout simplement calomniés. Shelton raconte l'histoire de sa propre grand-mère, Gwen, qui a été soignée et enfermée à cause de son comportement indiscipliné et des institutions (naturellement dirigées par des hommes) responsables de ses expériences. Un sentiment brutal et inextinguible d'injustice parcourt tout le récit de Shelton – la façon dont un individu est abandonné à presque chaque tournant – par sa famille, ses amis et le corps médical. Une transcription poignante arrive lorsque le mari décrit la patiente comme « bien meilleure » après des séances incessantes d'ECT (électroconvulsivothérapie). Les implications sont frappantes : les hommes électrocutaient leurs femmes pour les soumettre.

Shelton jette son filet plus loin et met en évidence la façon dont la culture et la langue perpétuent ces stéréotypes de « femme folle » – les idées fausses sur l’emplacement de l’utérus ou la « folie » de figures féminines qui sont devenues infâmes – jusqu’à Brittany Spears ou Amber Heard. Les mots comptent lorsque l’opinion médicale est basée sur des suppositions misogynes. Un passage d’interaction avec le public met en lumière la faillibilité des diagnostics.

La production d'Ursula Martinez, très technique, présentée sur un plateau stérile recouvert de carrelage blanc, semble presque trop clinique, se contentant de démontrer ces erreurs de diagnostic extrêmement catastrophiques sans mettre en avant le véritable poids émotionnel de cette tragédie individuelle. Elle semble également un peu trop courte – peut-être que dix ou vingt minutes supplémentaires auraient vraiment permis d'atténuer le caractère poignant de ce récit poignant.