Tout change à Bristol Old Vic. Après que Tom Morris soit intervenu à la fin des années 2000 pour sauver le théâtre en difficulté avec son mélange d’épopée brechtienne, de magie et de malice, nous avons maintenant à la barre Nancy Medina, née à Brooklyn et résidente de longue date de Bristol. Ce premier spectacle sur la scène principale est un signal d’intention. Chœur de garçons les harmonies magiques se fondent parfaitement dans une pièce joyeuse et réfléchie qui place l’expérience noire et queer en son cœur et aborde des thèmes complexes autour d’une musicalité époustouflante ; un mélange de gospel, de spiritualité et de Boyz II Men ; pour apporter de la joie à son public.
Tarell Alvin McCraney a quitté cette pièce de 2012 pour écrire un film tout aussi édifiant, primé aux Oscars, sur des thèmes similaires intitulé Clair de lune. Vous pouvez lire ceci comme un ouvrage de deuxième année, avec de gros morceaux de grandeur mélangés à des éléments qui nécessitent du développement. Dans Pharus, il a créé un personnage d’une réelle profondeur, vulnérable mais arrogant, réfléchi mais méchant, à l’aise dans sa peau mêlé à l’incertitude de qui il va devenir. En tant que talent particulier dans une école d’élite, il a un ego infaillible et la capacité de présenter un argument à son propre agenda qui suggère un grand privilège, une vie sans jamais manquer une note dans une performance, mais lorsqu’un camarade de classe l’insulte avec des insultes homophobes, il hésite et on nous rappelle qu’un jeune homme queer noir doit plus que quiconque trouver sa propre voie pour accepter sa masculinité. C’est un joyau de rôle et celui que Terique Jarrett, si brillant dans « Papa » : un mélodrame, saisit à deux mains. Sa grande silhouette élancée s’inscrit dans le mouvement chorégraphié que le groupe produit pendant qu’ils chantent, ses mains ne cessent de tourner comme s’il n’avait pas encore pris le contrôle de son corps. Dans la scène marquante de la pièce, alors qu’il affirme que les chants spirituels, loin d’être de simples paroles codées pour aider les esclaves à échapper à leurs captifs, offrent un guide bien plus précieux sur la spiritualité, nous le voyons commencer à découvrir comment ces œuvres peuvent l’aider à trouver une force loin du bruissement avec lequel certains le définissent.
Jarrett est l’une des nombreuses stars du futur ici, mais il est le seul avec un personnage pleinement étoffé avec lequel travailler. Les autres jouent des tropes, du neveu tyran du directeur au sportif sensible en passant par le clown de la classe et un garçon qui cache quelque chose jusqu’à une révélation climatique et évidente. McCraney est un écrivain suffisamment brillant pour faire de chacun de ces personnages un plaisir de passer du temps avec lui, mais cela ne cache pas le fait qu’il y a une petite liste de contrôle à cocher. Pourtant, si vous voulez jouer ça, autant le faire avec des acteurs aussi formidables que Michael Ahomka-Lindsay dans le rôle du boursier inquiet de ses notes, Jyuddah Jaymes dans le rôle du colocataire qui offre gentillesse et lumière, et Daon Broni dans le rôle de le directeur qui dit subtilement à Pharus de cacher sa lumière sous son boisseau. Et quand ils chantent l’hymne de l’école « Trust and Obey » et le merveilleux « I Parfois Feel Like A Motherless Child », on ne peut s’empêcher de ressentir l’exaltation d’une performance live.
La production de Medina réunit ces cinq jeunes hommes dans un ensemble soudé, vous pouvez voir l’amour et l’unité exprimés en grand sur la scène. Il s’agit d’une déclaration d’intention audacieuse et réussie, qui place les histoires sous-représentées au premier plan et les imprègne de joie et d’amour.