Éveil au puzzle de l’Affaire Thomas Crown
D’une élégance rare et d’une habileté insurpassable, voilà comment on pourrait décrire le film « L’Affaire Thomas Crown » réalisé par Norman Jewison. La prestance de Pierce Brosnan et l’audace de Rene Russo ont largement contribué à faire de ce film une icône du cinéma d’espionnage, conjuguant luxe, attrait du danger et sophistication. Il convient toutefois de reconnaître que la fin du long métrage reste pour beaucoup un sujet d’étonnement, d’incompréhension, et suscitant un sentiment d’inachevé.
L’illusion du tableau volé
Le film culmine dans un final aussi complexe que satisfaisant. Dans un tour de passe-passe cinématographique, le personnage de Thomas Crown, interprété avec passion par Brosnan, laisse son tableau adoré, un Monet, à la place d’une affiche publicitaire dans un chariot. La fougueuse détective Catherine Banning (Rene Russo) reçoit une information selon laquelle le tableau est toujours en possession de Crown, mais son arrivée sur les lieux révèle uniquement l’affiche publicitaire.
Le baiser d’adieu
Après ce stratagème, c’est finalement sur un aéroport que se retrouvent nos deux protagonistes. L’une a les larmes aux yeux, désemparée, l’autre est soulagé, victorieux. Crown, dans un dernier élan de tendresse, embrasse Catherine, avant de monter dans son avion. Il lui laisse un retour matin, un moyen de le rejoindre s’il le désire. Une scène d’adieu pleine d’émotions crue et complexe qui laisse à penser que Thomas a pris de l’avance sur Catherine dans leurs jeux de manipulation respectifs.
L’échec… ou pas ?
Quand Catherine retourne à son bureau, un cameraman de surveillance lui révèle que le tableau était en effet dans le chariot, camouflé sous l’affiche. Crown avait prévu chaque étape de son plan, montrant comment sa duplicité était encore plus profonde que ce que Catherine avait cru. Dans un dénouement stupéfiant, Catherine se rend compte de l’échec de son enquête, mais réussit à démêler le plan complexe de Crown.
Réunion des cœurs astucieux
Le film termine avec la révélation que Catherine a utilisé le billet d’avion que Crown lui a laissé et a rejoint son homme sur une île tropicale. Crown est malgré tout surpris de la voir, démontrant que l’homme qui avait prévu chaque étape de son vol de tableau n’avait pas anticipé l’émotion qui transcende leur jeu du chat et la souris.
Le spectre de l’incertitude
Toute la péripétie de l’affaire Thomas Crown aura été un modèle parfait du cinéma d’espionnage, subtile et esthétiquement plaisant. La conclusion du film indique-t-elle une victoire pour Crown, ou pour Catherine ? Les deux, c’est probable. Mais, l’essentiel n’est-il pas l’élégance avec laquelle ce film nous a fait participer à ce duel intellectuel, ce jeu de séduction original, sans oublier la beauté des tableaux qui ont servi de moteur à toute l’histoire ?
Ainsi, la fin de l’Affaire Thomas Crown est un rappel puissant que dans le cinéma, comme dans l’art, la beauté se trouve dans l’œil de celui qui regarde. Un film magnifique, une fin délicieusement incertaine, offre déjà une raison suffisante pour que ce film soit revisité encore et encore.