Les Kurios du Cirque du Soleil au Royal Albert Hall – critique

Le Cirque du Soleil est de retour au Royal Albert Hall et recommence à faire ce qu’il fait le mieux avec cette première européenne de Kuriosun spectacle à l’ancienne satisfaisant de ces maîtres du concept de cirque.

Une célébration de style steampunk de Victoriana, il présente un mélange d’actes qui émergent du «cabinet de curiosités» d’un inventeur excentrique. Les actes eux-mêmes sont passionnants, se démarquant notamment de quatre ‘anguilles électriques’ contorsionnantes, qui se tordent de manière à ne pas se distinguer les unes des autres, et une troupe de trampolines de haut vol qui parvient d’une manière ou d’une autre à faire rebondir un membre de la scène jusqu’à la banc d’éclairage.

Il y a aussi la jonglerie, le yo-yo, le vélo aérien, l’escalade sur chaise, l’équilibre et, à l’extrémité la plus intime du spectre, une délicieuse séquence de danse exécutée entièrement à la main. C’est un spectacle glorieux, et ma fille de neuf ans était ravie tout au long (bien qu’un mot d’avertissement : les lignes de vue sont lamentables pour le jeune public dans la section non ratissée des étals). Il y a une pureté et un enjouement dans l’ensemble qui sont véritablement contagieux et le tonique parfait pour ces temps redressés.

Les scénographies de Stéphane Roy et les costumes de Philippe Guillotel sont un véritable régal visuel qui fait qu’on ne sait jamais trop où regarder dès qu’on s’installe. La scène est inondée de personnages excentriques, dont beaucoup orneront des affiches à travers la capitale ce mois-ci : un homme habillé en accordéon, un vampire à jupe cerceau, un individu semi-robotique qui transporte une dame dans son costume mécanique , un couple volant dans un biplan. Parfois, c’est comme regarder un tableau de Dali prendre vie.

Tout n’électrise pas, notamment les intermèdes clownesques. On voit un spectateur malheureux invité sur scène par Facundo Giminez pour observer ses impressions de chat (quoique exactes). Sa routine de cirque invisible, qui culmine lorsqu’il est chassé de la scène par un lion imaginaire, est aussi un peu un pétard mouillé. Mais ce ne sont là que des ratés assez mineurs dans la production par ailleurs très dynamique de Michel Laprise.

Après avoir fait des émissions sur Michael Jackson, les Beatles et même Lionel Messi, il est bon de voir le Cirque du Soleil revenir dans un territoire moins commercial. Il y a un vrai talent artistique ici, de la chorégraphie ballet de Sidi Larbi Cherkaoui et Yaman Okur à la partition originale imprégnée de jazz (superbement interprétée par le groupe sur scène) composée par Raphaël Beau et Bob and Bill. Il est également fondé sur des idées intellectuelles véritablement intéressantes : ces trampolines susmentionnés sont conçus comme des personnages des œuvres de Jules Verne et Georges Méliès.

Mais en fin de compte, il s’agit de profiter de la façon dont un spectacle aussi grand et audacieux peut faire ressortir l’enfant en chacun de nous. Kurios est un spectacle qui a les pieds bien ancrés dans la sciure de bois, alors même que ses étonnants acrobates planent au-dessus de nous.