Olivier ! dans la revue du West End – que demander de plus ?

Il y a quelque chose de magnifique dans l'adaptation gratuite de Charles Dickens par Lionel Bart – une comédie musicale qui a transformé un grand roman socialement engagé en une comédie musicale pleine de mélodies, sans sacrifier sa compréhension aiguë de la pauvreté et de la perte.

Il regorge tellement de mélodies brillantes qu’il serait difficile de mettre en scène une mauvaise production. Mais cette version, mise en scène et chorégraphiée par Matthew Bourne, co-réalisée par Jean-Pierre Van Der Spuy et conçue par Lez Brotherston, est en effet une très bonne version.

En arrivant au Gielgud, il s'est assombri et approfondi depuis sa première sortie au Chichester Festival Theatre. Sa qualité réside dans la façon dont les collaborateurs (dont la chorégraphe associée Etta Murfitt) créent un contraste entre le mouvement constant et l'immobilité, permettant à l'attention de passer de scènes de danse larges et lumineuses pleines de vie à des moments puissamment saisissants de péril et de tristesse.

Tout dans la production semble en phase avec ce sentiment de changement d'accent, depuis la cruauté obsédante de « Who Will Buy ? » quand une petite fille sûre examine le sort d'Oliver en tant qu'enfant trouvé à vendre, l'exubérance chaleureuse de l'antre de Fagin, la brutalité du traitement de Bill Sikes envers la bienveillante Nancy et la façon dont elle protège constamment une autre fille dont elle a la garde.

Un casting d'acteurs sur scène, l'un habillé en Mr Bumble, l'autre en Oliver Twist et les autres en orphelins dans la comédie musicale Oliver !

L'ensemble de portiques et d'escaliers en fer de Brotherston tourne sur une révolution, soulignant l'agitation et l'immensité de la ville tout en permettant à des vignettes vives d'émerger en son sein ; La chorégraphie de Bourne montre les garçons de l'orphelinat nettoyant la scène à l'unisson féroce jusqu'au moment de suspense figé où Oliver ose en demander plus. Plus tard, dans des routines telles que It's A Fine Life et Consider Yourself, leurs mouvements sont à la fois féroces (avec des coupes et des pieds battus) et enfantins (car ils imitent les chevaux). Tout s'ajoute au récit de l'histoire de la manière la plus compressée et la plus claire.

Ce sentiment de netteté du scalpel est souligné par les orchestrations extraordinaires et dépouillées de Stephen Metcalfe (magnifiquement jouées par le petit orchestre dirigé par Graham Hurman), et par l'éclairage pictural de Paule Constable et Ben Jacobs qui sculpte la scène avec des volutes de fumée. C'est à la fois somptueux et austère.

En tant que tel, il constitue la toile de fond idéale pour une série de performances profondément réfléchies qui ne recourent jamais au cliché. Le pirate Fagin de Simon Lipkin est une création fabuleusement extravagante, créant une complicité avec le public par ses yeux au ciel. Son charisme porte le style klezmer de Reviewing the Situation, et il parvient parfaitement à suggérer à la fois la cruauté de Fagin et une gentillesse authentique, qui fait de son antre un refuge dans un monde amer. Lorsqu'il s'en va avec le fanfaron Artful Dodger de Billy Jenkins, il y a une réelle affection entre les deux, ce qui est profondément émouvant.

Dans la même veine, Shanay Holmes fait de Nancy bien plus que la tarte traditionnelle au cœur, trouvant la complexité dans le besoin de sa relation avec les malveillants Sikes d'Aaron Sidwell. Il est difficile de trouver une façon de chanter « As Long as He Needs Me » quand on vient d'être violemment battu au sol, mais Holmes joue avec beaucoup d'émotion et d'intelligence, faisant plus ou moins tomber la baraque.

Oscar Conlon-Morrey rend la vénalité de Bumble à la fois comique et effrayante, tandis que Widow Corney de Katy Secombe est une horreur au cœur dur. En tant que l'un des quatre jeunes jouant Oliver, Cian Eagle-Service chante avec une aisance passionnante ; son jeu est plein de caractère. L’ensemble de la production regorge de vie, d’engagement et de panache. C'est un triomphe richement réalisé.