Le problème de toute pièce sur l’état de la nation est qu’il est vraiment difficile de trouver un équilibre efficace entre le personnel et le politique. D’une part, si la pièce veut avoir une résonance nationale auprès du public, elle doit alors explorer efficacement le contexte politique des événements dont elle traite. D’un autre côté, il doit avoir une touche personnelle afin d’éviter d’être distant et de créer une sorte d’empathie avec ses personnages.
La nouvelle pièce de Peter Arnott suit cette ligne fine avec beaucoup de prudence mais, après une première mi-temps relativement réussie, Portrait de groupe dans un paysage d’été perd gravement son équilibre dans la seconde. L’action se déroule dans la campagne du Perthshire à l’été 2014, juste avant le référendum sur l’indépendance de l’Écosse. Dans la maison de vacances bien aménagée de la famille Rennie, un rassemblement de famille et d’amis a lieu ostensiblement pour commémorer la retraite prochaine du patriarche, mais des problèmes enfouis depuis longtemps refont surface alors qu’ils se préparent pour leur dîner de fête et leur différence. L’opinion sur l’indépendance de l’Écosse n’est qu’un des nombreux facteurs qui creusent un fossé entre eux.
La configuration d’Arnott a beaucoup à offrir. Il a un sens aigu de son époque, et la discussion des personnages sur les questions entourant le référendum porte souvent le ton de l’engagement politique qui était si caractéristique de la vie politique écossaise cet été-là. Il y a aussi une unité de temps, de lieu et d’action, la pièce entière se déroulant dans la maison au fil de la journée, du matin au soir.
Les problèmes viennent de la façon dont le script traite ses « problèmes », et il y en a énormément ! Les divisions causées par le référendum en font partie, mais à cela s’ajoutent les problèmes non résolus liés aux amours passées, les rivalités professionnelles entre les protégés de Rennie et les problèmes familiaux autour de l’approbation parentale et des conséquences d’un deuil. Et c’est avant d’aborder le deuxième acte inconfortablement didactique, qui regorge de stéréotypes philosophiques angoissants allant de la mort de Dieu et de l’impossibilité du bien, à l’avenir de l’humanité et aux périls du changement climatique. Arnott n’a peut-être pas consciemment canalisé Sartre et Nietzsche, mais on a l’impression qu’il a délégué des pans entiers de sa pièce à un cours de philosophie de premier cycle.
La première moitié garde à peu près ces choses sous contrôle, à mesure que les personnages arrivent et que les graines sont plantées pour le dénouement à venir. Cependant, lorsque les louches de sujets de discussion prennent le dessus, l’accent dramatique tourne mal. À la fin de la pièce, on ne savait pas du tout quel voyage les personnages avaient parcouru. Ceci est également en proie à des changements de sujet plutôt maladroits dans le dialogue et à quelques embardées étranges vers une agression qui semble venir de nulle part.
David Greig, le directeur artistique du Lyceum Theatre, fait ce qu’il peut dans la mise en scène de la pièce. Il parvient à donner à chaque personnage l’identité distinctive dont il a besoin dans un environnement clos comme celui-ci, et les créations de Jessica Worrall fusionnent efficacement l’extérieur et l’intérieur pour que l’action se déroule. De plus, de nombreuses performances sont impliquantes, en particulier Benny Young dans le rôle d’un comédien plus âgé et vif qui apporte à ses scènes un humour laconique indispensable. Deirdre Davis et John Michie font du bon travail en tant que couple central émotionnellement endommagé, et Nalini Chetty est le plus sympathique des jeunes personnages, une petite amie tchèque audacieuse amenée à la fête en tant qu’invitée supplémentaire.
Mais en fin de compte, la portée lourde du script signifie que Portrait de groupe Je ne peux pas supporter le poids de ce à quoi Arnott essaie de répondre. Trop de choses restent en suspens dans un portrait de famille qui nécessitait une concentration plus ferme.