Critique du film Padmavaat

Au cœur de l’empire Rajput : La splendeur visuelle d’Ali Bhansali

Le cinéaste Sanjay Leela Bhansali a très bien réussi le pari avec « Padmaavat », en entremêlant grandeur visuelle épique, drame historique et subtile critique socio-politique. Bien que controversé avant sa sortie en raison des protestations et des menaces de violence, le film a finalement été bien accueilli par le public indien et les cinéphiles du monde entier.

Plongée dans une toile aux couleurs de l’histoire indienne

Si Bhansali est reconnu pour quelque chose, c’est sa capacité à peindre une toile visuellement luxueuse avec une palette de couleurs éclatantes. « Padmaavat » ne fait pas exception. Des palais somptueux de l’empire Rajput aux tenues élaborées et aux bijoux des personnages, chaque plan est conçu pour un plaisir visuel outre mesure. Les séquences de danses, typiquement esthétiques, possédent un charme hypnotique. Bhansali, tout en nous embarquant dans le Rajasthan du 13ème siècle, ne laisse rien au hasard et créée un véritable monde à part entière.

L’apogée du trio : Deepika, Shahid et Ranveer

Le film tourne autour du triangle puissant formé par Padmavati (Deepika Padukone), son époux le Roi Rawal Ratan Singh (Shahid Kapoor) et Alauddin Khilji (Ranveer Singh), le souverain ambitieux et maniaque de Delhi. Les trois acteurs principaux offrent un jeu de performances précises et émouvantes, avec une mention spéciale pour Ranveer Singh. Villain sans compromis, il offre une représentation d’Alauddin qui fascine aussi bien qu’elle effraie.

La beauté et le drame du sacrifice

Malgré la beauté des images et la force des performances, « Padmaavat » est aussi une tragédie. Le sacrifice, que ce soit au nom de l’honneur, de l’amour ou du devoir, est une thématique centrale du film. Padmavati, en particulier, est présentée comme un personnage dont le courage et l’honneur transcendent les restrictions de genre imposées par la société de l’époque. Le dernier acte du film, durant lequel elle guide les femmes du roi dans un acte d’auto-immolation pour éviter la capture par Alauddin, est aussi dérangeant que poétique.

Khilji : Un monstre magnifiquement mis en scène

Le personnage d’Alauddin attire l’attention non seulement pour sa folie et son impitoyabilité, mais aussi pour ce qu’il représente : une critique implacable des despotes et des tyrans. Khilji, bien que guerrier de nature, est aussi tyrannique avec son peuple qu’avec ses ennemis. Bhansali n’hésite pas à montrer les maux du totalitarisme, en offrant un miroir à notre société actuelle.

Epilogue: Une œuvre splendide et controversée

« Padmaavat » est le reflet de l’excellence cinématographique indienne. Avec ses performances époustouflantes et sa magnifique esthétique visuelle, le film excelle dans son ambition de montrer la gloire, la bravoure et le sacrifice des anciens rois Rajput. Cependant, certains de ses éléments sont restés controversés : le portrait de Khilji, la glorification du sacrifice ou encore, la représentation des femmes. Si le film impressionne sur le plan visuel, il suscite aussi le débat, ce qui, indéniablement, participe à son intérêt. Ainsi, « Padmaavat » reste une œuvre indienne majestueuse, mais aux multiples facettes, pleine de points de discussion et de réflexion.