Frankenstein au Leeds Playhouse – critique

Une réinvention radicale du classique de Mary Shelley

En imitant le chien en coproduction avec Leeds Playhouse, vous savez qu’une production portera autant sur les détails techniques sur scène que sur le récit ou le personnage. Avec Frankenstein l’équilibre change quelque peu, mais l’essence reste la même, et l’on peut encore se demander « pourquoi ? ».

Pete Brooks, Andrew Quick et Simon Wainwright ont posé le jeu dans un appartement moderne, très gris, avec toutes sortes de possibilités de supercheries techniques dans le set de Hayley Grindle. Un jeune couple (Georgia-Mae Myers et Nedum Okonyia) y vit et débat au début de la question de savoir s’il doit avoir un bébé. Ils décident oui. Pendant ce temps la radio diffuse une adaptation (en imitant le chien !) de Frankenstein. Au cours des neuf mois suivants, l’indécision du couple, notamment du personnage de Myers, quant à l’arrivée d’un enfant dans ce monde maléfique et les disputes que cela provoque sont liées à l’histoire de Frankenstein. Au fil du temps, nous devenons également absorbés par le sort d’une pauvre âme, manifestement analogue à la créature, à l’extérieur de l’appartement.

L’émission commence au début, sur la banquise avec Victor Frankenstein à la poursuite de la Créature. Au fur et à mesure de chaque diffusion, Okonyia endosse le rôle de Frankenstein, Myers fournissant ses différents interlocuteurs. Finalement, elle assume le rôle de la créature elle-même alors que la pièce touche à sa fin sanglante, mais pas avant que nous ayons appris le sort du jeune couple.

Le scénario se glisse facilement dans le mélodrame, mais Myers et Okonyia font des merveilles avec ce qui leur est donné. Okonyia passe d’une prestation relativement ordinaire en tant que jeune homme (sauf dans d’étranges moments de passion) à un drame violemment exagéré en tant que Frankenstein. De même avec Myers, avec une mention spéciale pour le désespoir angoissant du dernier discours de la Créature. Tous deux sont clairement très doués en théâtre physique, se tordant et tournoyant selon toutes sortes de schémas : ils sont tous deux très accomplis même si l’on peut s’interroger sur l’efficacité dramatique de leurs actions.

Mais, comme toujours dans l’imitation du chien, c’est le drame de l’ensemble du spectacle qui attire l’attention, qui irrite ou captive selon les goûts. Les écrans montrent des images en constante évolution, la neige se précipite contre les murs de l’appartement, d’énormes détonations inattendues font frémir les nerveux, les lumières s’allument et s’éteignent, des allusions à la charge électrique de Frankenstein font surface de temps en temps, etc. Un moment charmant est celui où le navire du capitaine Walton se libère des glaces et qu’un mur blanc s’engouffre autour de l’appartement.

C’est le théâtre de la Marmite : un certain nombre de spectateurs sont sortis à l’entracte, tandis que la fin de la pièce a été saluée par des applaudissements enthousiastes (même si beaucoup se sont abstenus, perplexes). En imitant désormais, le chien doit être habitué à de telles réponses divisées.