Pinocchio au Théâtre de la Licorne – avis

L’histoire de Pinocchio est actuellement en vogue, avec de nouvelles adaptations cinématographiques et télévisées qui arrivent comme des bus. Ce n’est peut-être pas une grande surprise qu’une histoire qui tourne autour des thèmes de l’authenticité et de la véracité se révèle soudainement si résonnante auprès du public contemporain.

Cette production à la Licorne, adaptée par Eve Leigh et mise en scène par Justin Audibert, reste assez fidèle à l’esprit des contes italiens originaux de Carlo Collodi. C’est un rappel bienvenu de certains des bords les plus sombres d’un personnage qui est aujourd’hui synonyme de la représentation de Disney.

Cela commence par une interaction énergisante avec le public de Marmalade the Cat de Susan Harrison, qui, après quelques plaisanteries à base de «miaou», nous amène dans l’atelier orné du fabricant de jouets solitaire Geppeto (Tom Kanji). Désespéré d’avoir un enfant, il s’est façonné une marionnette aux allures de garçon (Peyvand Sadeghian) qui – attention spoiler – prend vite des traits très humains.

Dans un pantomime florissant, la fée bleue (Eleanor Wyld) donne à Pinocchio une conscience sous la forme d’un moustique, ainsi qu’un avertissement que tout mensonge qu’il dira sera clairement connu. Il ne faut pas longtemps pour que cela se manifeste sous une forme nasale croissante alors que Pinocchio se dirige vers l’école et navigue dans les défis des meilleurs amis collants, des intimidateurs et des enseignants autoritaires.

Le méchant de la pièce est le vendeur de jouets Fratello (un doublage soigné de Kanji) qui a intérêt à ce que Pinocchio reste une marionnette afin qu’il puisse le fouetter à la duchesse propriétaire du château local (Wyld) pour sa fille exigeante. Après une mission de sauvetage par Marmalade et quelques autres aventures impliquant une roussette lumineuse, Pinocchio apprend enfin à être humain, juste à temps pour Noël.

La production d’Audibert est somptueusement conçue par Jean Chan, dont le rendu de l’atelier de Geppeto, qui glisse sur la scène, est particulièrement accrocheur. C’est un endroit où n’importe quel enfant voudrait traîner et évoque un monde où les jouets sont des œuvres d’art magiques plutôt que des tatouages ​​jetables bon marché. Le tout a un charme folklorique – de la façon dont une fontaine est créée à l’aide de rubans portatifs au jeu d’accordéon de Sam Pay.

Il ne s’agit pas d’une mise à jour radicale ni d’une mise en scène particulièrement flashy. Mais Leigh, Audibert et l’ensemble de cinq personnes racontent l’histoire avec beaucoup de clarté et de cœur, montrant que Pinocchio est bien plus qu’un long nez. Un mérite particulier revient à Sadeghian pour avoir manifesté la forme de marionnette du personnage principal avec une telle crédibilité – ce n’est pas souvent que je peux sincèrement féliciter quelqu’un pour une performance en bois.

En cette saison où tant de contes folkloriques sont reconstitués sous forme panto, la Licorne offre une alternative solide (à partir de 7 ans). Bien que la moralisation à la fin soit un peu lourde, il n’y a certainement pas de honte à rappeler au jeune public l’importance d’être soi-même et d’accepter le droit des autres à faire de même.